[Box inoccupé] Athena

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:10

Athéna

[Box inoccupé] Athena Ik5ob4sq

Jument Barbe offerte par Héri à Sakura lors de son élection au conseil ducal en 1458.

Naissance : avril 1456.
Ascendance : inconnue.
Provenance : foire annuelle aux bestiaux de Clermont.

Robe : noire
Signe distinctif : une tache blanche en forme d'étoile sur le chanfrein.
Caractère : très doux et sociable. Très gourmande.

Décédée le 21 mai 1460 des suites d'une fièvre incurable.
Morte des mains de sa maitresse.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:12

Commanderie des Dames Blanches, décembre 1458.

Elle se plaisait en ces lieux, mais un petit quelque chose lui manquait... un petit quelque chose d'1m50 au garot.
Non pas sa fille!
Son trésor d'encre noire liquide qui n'aimait rien d'autre que lui fourrer des coups de tête dans les côtes en quête de sucrerie!
La gourmande qui raffolait particulièrement de pommes et fuguait régulièrement dans le verger de Montluçon lui manquait, et elle avait tant de choses à lui dire!

Elle se mit donc en quête des écuries, qu'elle finit par trouver sans trop de mal.
Une rangée impressionnante de box attendait ses occupants potentiels ou futur.
Soigneusement entretenus, bien aérés... le paradis des chevaux.

Elle passa les stalles en revue, admirant les équidés au passage, certains étaient splendides.
Tous magnifiquement traités visiblement.

Et elle fini par la trouver...
Elle entra dans le box.
Nul besoin de susurrer quelconque parole apaisante, la monture la reconnu, suivant des yeux son approche en se tordant à moitié le cou pour la regarder.

Oui ma belle, j'ai pensé à toi, tu penses bien...

Flattant son encolure d'une main, elle tendit l'autre à plat pour lui présenter une pomme coupée en deux qui fut engloutie en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire.

Comment vas-tu ma jolie...
On dirait que tout va bien pour toi ici, tu as l'air de te plaire...

Parfaitement bouchonnée, la crinière et la queue brossées, un seau d'avoine plein à portée de dent, elle resplendissait, manifestement reposée après la route.
La Montluçonnaise s'adossa au mur du fond et se laissa glisser contre le mur pour s'assoir par terre.

Moi aussi, ca va bien.
J'ai réussi tu sais... j'ai passé l'entretien.
Elles ont accepté ma candidature... à moi de faire mes preuves maintenant... mais je ferai de mon mieux, c'est promis, comme je me suis toujours efforcé de faire...
Tu me soutiendras hein... tu viendras avec moi où que j'aille n'est-ce pas...

Athéna baissa la tête vers elle et la fixa de son regard sombre, profond où l'intelligence brillait, avant de reporter son attention sur l'avoine mise à sa disposition.

Hmm je vois... tu es occupée là...
Je repasserai donc ma belle...
Sois sage hein...

Elle fourra son nez dans l'encolure de son amie, respirant à plein nez son odeur musquée, flattant son poitrail.
Naturellement, la jument en profita pour lui labourer les côtes avec son nez.

Je n'en ai plus ma belle.... la prochaine fois, promis!!

Derrière caresse et elle reparti, après s'être une dernière fois assurée qu'elle ne manquait de rien.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:17

Commanderie des Dames Blanches, mai 1459.

Maintenant qu'elles étaient toutes deux destinées à rester en ces lieux de façon certaine, il était temps de s'installer plus à son aise.
Pour Sakura, ce fut chose faite rapidement, ses affaires ne tenant que dans une caisse de bois d'un pied sur deux.

En revanche, l'installation de sa fidèle amie risquerait d'en prendre d'avantage.

Une fois une tenue qui ne craignait plus rien et avait compté presque autant de printemps qu'elle enfilée, elle fonça aux écuries.

Athena était là, les naseaux sagement plongés dans un picotin d'avoine, attachée par une longe à une rampe longeant le mur.
A côté d'elle, quelques rares autres montures s'adonnaient à la même activité.

Elle passa le pas de la double porte de bois.
Aussitôt, la fière petite jument barbe releva la tête, plongeant dans son regard ses yeux vifs et intelligents.

"hééé coucou ma toute belle!", dit-elle en s'approchant d'elle, et passant sur sa droite, atteignit sa tête fine.
La jument fourra de suite son museau dans ses côtes, en quête d'une affection qu'elle ne lui avait que trop refusé faute de temps à lui accorder.

"Je t'ai manqué je sais...
Ce n'était vraiment pas sympa de ma part de ne pas être venue plus tôt...
Mais tu sais, j'ai rencontré plein de filles formidables ici!"

Sa main glissa le long de son arrête nasale, s'attardant sur la tache blanche ornant sa robe noire juste entre les deux yeux.

"Oh! avant que j'oublie... j'ai quelque chose pour toi ma jolie..."

Elle farfouilla dans une poche et en sortit une belle pomme rouge, qu'elle eut à peine le temps de présenter à la jument que celle-ci l'avait déjà engloutie.

"Hééé! tu pourrais attendre que je te l'offre au moins!
Je fais comment pour me faire pardonner moi? hein?
Je t'offre une stalle?
Ca te tente?
Oui?
Allez viens!"

Elle s'escrima quelques secondes avec le noeud coulissant reliant la longe à la rampe, le défit, et s'empara de la corde.
Sagement, Athena lui emboita le pas, pivotant sur elle-même pour se mettre dans le sens de la marche puis se laissant guider jusqu'à un box vide.

Rapidement, la nouvelle apprentie accrocha la longue à l'entrée, à l'extérieur du box.
Se saisissant d'une grosse motte de paille derrière laquelle elle disparaissait pratiquement, elle en tapissa le sol du box.
Puis elle transvasa le picotin d'avoine de la stalle commune au box, remis de l'eau claire dans la mangeoire avant de faire rentrer Athena et de la libérer de sa longe.

"Et voila!
Tu vas être comme une reine ici..."

Un dernier câlin et après s'être assurée que rien ne manquait, elle reparti vers les dortoirs, notant mentalement qu'il lui faudrait entretenir sa selle à très court terme.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:18

Commanderie des Dames Blanches, mai 1460.

De longues, très longues, trop longues semaines qu'elle négligeait une des femmes de sa vie, sa belle Athéna.
Mais aujourd'hui, les choses étaient différentes, car elle pressentait ce qui se profilait à l'horizon et c'était la rage au ventre qu'elle s'y résolvait tant bien que mal, une haine et une rage destructrice tournée contre elle-même.

Petit retour en arrière, trois semaines auparavant...

Une petit aller-retour s'était imposé en Armagnac et Comminges, un de plus, un comme d'autres, pour l’anoblissement du nouveau vassal du vicomte de Gimont.
Un incident bénin, stupide, idiot, mais non sans conséquence bien qu'à ce moment précis, elle n'en avait rien soupçonné, qui l'avait fait arrivé avec plusieurs heures de retard.

Athéna avait failli déferrer. La cause?
Une vulgaire pierre, un simple petit caillou si anodin qu'elle n'aurait pu le différencier de ses congénères étalés dans la main d'un nourrisson.
Un petit caillou de rien du tout qui s'était insidieusement faufilé sous son fer et s'y était logé confortablement.

Les lieues passant, le vilain petit caillou avait fait son trou, amenant avec lui son lot de saloperies et de microbes, et par là-même, une infection.
La plaie avait commencé à enfler, provoquant un boitement qui avait attiré l'attention de la borgne.

Elle était immédiatement descendu et c'était à pied, en tenant sa fidèle amie par la bride qu'elle avait atteint le village le plus proche et était allée trouvé le maréchal ferrant.

Ohh pour lui, il n'y avait guère de souci, ces choses là arrivaient tout le temps, parfois même sans que l'on s'en rende compte, rien d'inquiétant en sommes, si un petit caillou pouvait terrasser une grosse bête comme celle-ci, cela se saurait!

Au château de Gimont, des soins lui avaient été administrés, qui avaient semblé la soulager et réduire l'infection.
Le retour s'était d'ailleurs fait sans encombre, tant est si bien qu'à l'arrivée, une fois bichonnée dans son box au haras, le contrôle qu'elle avait effectué n'avait rien permis de détecter.

Oui mais voila, mal soignée une infection peut revenir à tout moment, sale engeance n'attendant que son oeuvre afin d'accomplir sa sinistre besogne...

Plusieurs jours s'étaient écoulé sans que la borgne ne puisse rendre visite à sa protégée, et lorsque enfin elle pu se libérer, elle mis le refus d’Athéna de manger les pommes qu'elle lui avait apporté - sa friandise préférée - sur le compte de la bouderie pour l'avoir autant délaissé.

Comment se douter à ce moment là de l'issue des choses?

Une semaine s'écoula de nouveau, sans que la jument n'accorde à sa maitresse l’affection qui était la sienne en temps normal.
La blanche n'en dormait plus que mal, tourmentée par des cauchemars où Athéna la poursuivait de ses yeux rouges, prête à la mordre.
Ce fut d'ailleurs une de ces nuits, où réveillée alors que le ciel ne s'était pas encore éclaircit, qu'elle l'avait trouvée, couchée sur la paille, le corps luisant d'une sueur froide et poisseuse.

Il ne lui fallu pas longtemps pour en trouver la cause tant la chaire rosée de l'intérieur du sabot avait enflé, formant un oeuf purulent et malodorant.
Déjà les chaires se nécrosaient tout autour de son pied, virant au violet et au noir.

Mais la Blanche avait refusé de se rendre à l'évidence, n'admettait pas qu'elle était entrain de la perdre pour... une saloperie de connerie de petit caillou...

Elle n'avait aucun moyen de stopper la nécrose, dans quelques jours, la gangrène aurait atteint la totalité de la jambe.
Elle le savait parfaitement, elle avait failli perdre la sienne ainsi lorsqu'elle avait été ensevelie sous la mine de Murat ans plus tôt.

Mais comment l'admettre?
S'y résoudre?
Accepter?
Et finalement, elle-même porter le coup qui mettrait fin à ses souffrances?

Au loin le soleil commençait à peine à immerger des brumes qui l'emprisonnaient, triomphant une fois de plus de sa soeur l'obscurité.
En son sein, la même guerre faisait rage, même si elle savait ce qu'elle devait faire.

Alors, comme pour lui accorder un dernier moment, elle fit quelque chose que toute personne normalement constituée s'interdirait s'il tenait à la vie: elle s'allongea à ses côtés à même la paille, posant sa tête dans le coup brûlant de fièvre de son amie.
Laissant les larmes s'écouler librement, elle s'endormit une dernière fois en sa compagnie.
Son réveil verrait la mise à mort de sa compagne de toujours.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:18

Madame... Madame? Madame!!!

Réveillez-vous! Madameee!!

Main légère qui secoue son épaule engourdit pas la fraicheur matinale...
Une paillasse loin d'être confortable bien que particulièrement malodorante...
Une masse chaude à ses côtés, brûlante même, que faisait donc son époux ici?
Et qui osait troubler son sommeil dans le désert abyssal qu'elle s'était construit et où rien d'autre que le néant n'avait surgit de ses rêves?

Elle s'agita, mais cela ne fit pas cesser pour autant cet agaçant bourdonnement et ce mouvement de roulis impertinent.

Quelque chose n'allait pas...
Un besoin impérieux de fuir lui intimait de ne pas ouvrir l'oeil.
La voix qui lui parvenait était inconnue, la paillasse sentait vraiment mauvais, l'écurie dirait-on, et la source de chaleur n'avait rien de comparable avec la douceur de la peau de son aimé: drue, au pelage dur, et bien trop étendu, brûlant et poisseux.

Sa paupière ne s'ouvrit pas mais le sommeil la quitta instantanément à mesure que les heures précédentes lui revenaient.
Sa paupière ne s'était pas encore ouverte que déjà les premières larmes s'en échappaient.

Mais rester ainsi ne changerait rien, et quelqu'un ne l'entendait pas autrement.
La paupière s'ouvrit sur la vision brouillée d'un page travaillant aux écuries.
Le regard angoissé de celui-ci lui indiquait sa crainte qu'elle n'aie été blessée par sa monture.
Mais cette dernière n'en avait pas la force, et il aurait dû le savoir...

Madame... vous ne devez pas rester ici...
Il faut... il faut qu'elle parte, elle souffre trop...

La colère remplaça le chagrin en un éclair, mais elle n'y laissa pas libre court.
Seul son oeil virant du vert de jade à un vert si sombre qu'il en paraissait presque noir laissait transparaitre sa fureur incommensurable, et le page le compris sans mode d'emploi...

Ecarte-toi!
Je dois être celle qui le fait.
Je ne veux voir personne pour le moment, laisse moi seule et disparaît!
HORS DE MA VUE!!!!!!!

Le page ne se le fit pas dire deux fois, certainement habitué aux colères des occupantes des lieux, jugeant plus prudent d'obéir, au moins pour le moment.

Elle se retrouva seule, comme souhaité, même si maintenant, elle était dos au mur.

Athéna ne la quittait pas de son regard fiévreux et fou, ne manquant aucun de ses gestes, comme si elle attendait celui qui, enfin, la délivrerait.
La jument l'attendait, cette mise à mort, et savait qu'elle la lui donnerait dans les minutes à venir.

Pardonne-moi ma toute belle...
Pardonne-moi... pardonne-moi... pardonne-moi...

Comme une litanie, elle répéta cette poignée de mots à la suite durant les quelques minutes qui lui avaient fallu pour se départir de son épée et sortir un de ses poignards de ses cuissardes.
Elle se pencha sur le corps chaud, caressant sa tête intelligente et résignée à son sort de sa main senestre, tandis que la droite plaçait la pointe de la dague sous l'oreille, en lui appliquant un angle d'environ 45 degrés.
Puis sans ajouter un mot, elle retira sa main et la plaça sur le pommeau de la dague également.
Deux mains ne seraient pas de trop pour ne pas rater son coup et la faire souffrir inutilement.

Inspirant un grand coup, elle ferma les yeux et... appuya de toutes ses forces d'une impression sèche et pénétrante.

Et se fut tout...
Pas de soubresaut, la lame avait pénétré directement dans le cerveau, et elle avait quitté ce monde sans bruit ni chahut.

Ce ne fut pas le cas de sa propriétaire qui recula précipitamment dans un coin de la stalle et se recroquevilla sur elle-même pour pleurer toutes les larmes de son corps jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus trouver assez de liquide en elle pour continuer.
Alors seulement elle quitta la stalle et les écuries.

Dehors, quelques pages attendaient, sachant ce qu'ils allaient devoir faire maintenant.
Parmi eux, le page qu'elle avait congédié plus tôt.

On va s'occuper d'elle maintenant Madame...

Oui, mieux vaut tard que jamais... remarquer elle ne vous posera pas de problème maintenant...

Blême, le page accusa le coup de l'accusation certainement injuste dont elle l'accablait.
Mais elle ne pouvait, non elle devait agir ainsi, pour tourner la page.
Elle avait parlé voix de la sagesse avec Lucie quelques jours auparavant... elle en était bien loin...

Hors de mon chemin et que je ne te revois pas de sitôt, où je ne serai peut-être pas capable de me contrôler..., lâcha-t-elle d'une voix polaire et dénuée de toute émotion.

Puis elle fit demi-tour et gagna les box de la commanderie où elle entreprit de sceller une des montures de l'ordre.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:20

Pherea a écrit:La lettre avait été bouleversante.
Un appel au secours, presque une supplication à l’aide si Blanche n’avait pas été aussi elle-même, toute en retenue et abnégation. Et pourtant. Sa peine était telle, son cœur souffrait tant ; jusqu’à laisser la colère prendre le pas sur l’Ecuyère quelques temps, mais ça, ni la fée, ni probablement le reste de la Commanderie ne l’avait su. Les pages avaient appris à tenir leur langue. S’ils devaient conter tout ce qu’ils avaient vu depuis l’édification du castel…

L’Esquire arrivait au haras De Huy pour y retrouver comme prévu sa sœur, qui attendait devant le box vide d’Athéna. La noiraude n’avait jamais perdu de cheval, ni d’animal de compagnie de quelques sortes. A part ses vaches, décimées lors d’une guerre qui avait ensanglanté le Berry. Mais Pherea se voyait mal tenter de réconforter Sakura en lui parlant de Marguerittes ou Bifteck. Alors elle s’approcha doucement de la peinée, glissa sa main sur son épaule et effectua une légère pression.
Elle attendit quelques instants encore puis doucement annonça :

Il est temps.
J’ai fait sceller une seconde monture et préparer tout ce qu’il nous faut pour le voyage. Elle désignait un panier retenu par une sangle permettant de le porter en bandoulière.
En route pour les Écuries Royales.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:21

Etait-ce normal?
Ne réagissait-elle pas de façon excessive?
Après tout, pour beaucoup, une monture n'était qu'un moyen de locomotion comme un autre, plus rapide que le coche mais mois pratique pour le transport de marchandise. Pour d'autre, un cheval était une manière d'exhiber ses richesses, un symbole de sa réussite sociale ou de son pouvoir temporel.

Mais pour elle...
Pour elle, Athena avait été une amie, un cadeau de son époux lorsque Lanf l'avait fait anoblir, un moyen de transport plus à la mesure d'une Dame qu'une ânesse miteuse.
Mais au-delà, elle avait été son refuge lorsque sa soeur avait quitté cette terre, trouvant dans cette amitié hors norme un exutoire à sa peine incommensurable.

Aujourd'hui, ni l'une ni l'autre n'était encore mais si la peine due au trépas de sa soeur était toujours vivace, la douleur s'était atténuée.
Et il était un fait certain, celle d'avoir perdu son cheval n'atteindrait jamais celle-ci.
Mais son seul lien avec feue Celeste s'était désormais distendu, ne restait qu'un souvenir qui finirait par s'atténuer, elle le savait.

A moins... à moins de remplacer immédiatement la jument?
De transférer ses sentiments.
De se faire une nouvelle amie ou un nouvel ami équidé.
De trouver un dérivatif?

C'était dans ce cadre qu'elle s'était fébrilement emparé d'un morceau de parchemin, y avait griffonné quelques phrases en y laissant quelques lambeaux de coeur au passage.
La première fois qu'elle s'ouvrait ainsi à une Blanche certainement... mais finalement, ce n'était pas si désagréable de tomber le "masque" de temps à autres...

Elle regarda ses mains...
Il restait du sang dessus, mais pas tant qu'elle ne l'aurait cru de prime abord en fait.
Des tâches maculaient ses braies.
Elle gagna donc rapidement sa chambre, et expédia ad patres sa tenue qu'elle brûlerait plus tard.
Une rapide toilette, avant d'enfiler sa tenue de cavalière favorite qu'elle avait faite faire sur mesure plus d'un an auparavant, histoire d'être présentable aux écuries royales, puis elle rejoignit le haras.

Une petite boule d'angoisse se forma dans sa gorge à mesure qu'elle s'approchait de la stalle.
Les apprentis palefreniers y étaient-ils encore occupés à l’équarrissage?
Elle sentit les larmes remonter à cette seule idée... mais elle les repoussa avec fermeté... avant de constater que la stalle était désormais vide et propre, prête à recevoir un nouveau pensionnaire.
Partagée entre la déception de ne pouvoir la revoir et le soulagement de ne pas la voir dans l'état où elle devait être maintenant, elle arrêta le premier page qui passait pour lui demander de sceller une monture rapide pour un périple de moyenne durée.
Elle ne savait si Phe pourrait venir, alors autant voir cela si elle arrivait... mais en attendant, elle souhaitait partir au plus tôt, elle n'attendrait qu'une heure.

Sa prunelle vert de jade effleura les murs fraichement récurés.
Si elle trouvait ce qu'elle cherchait, le prochain pensionnaire serait totalement différent.
Elle ne pouvait encore l'imaginer, mais déjà, malgré la tristesse, elle se projetait dans ce futur très proche auquel elle aspirait et s'abimait dans sa contemplation.

Puis tout à coup, sa vision se brouilla, remplacée par la chaleur de la main de son amie se diffusant dans son épaule à travers l'étoffe.
Elle savait que Phe ne l'abreuverait pas de paroles et platitudes creuses débitées sottement dans ce genre de situation, et la fée répondit parfaitement à ses attentes.

Il est temps.
J’ai fait sceller une seconde monture et préparer tout ce qu’il nous faut pour le voyage.
En route pour les Écuries Royales.

Nul besoin de répondre, elle ne l'aurait pu de toute façon, l'émotion étouffant sa voix.
Ce fut donc sa propre main qui vint couvrir celle de sa soeur et la serrer brièvement pour lui transmettre tous les sentiments qui l'assaillaient, à commencer par la reconnaissance de l'avoir à ses côtés, si naturelle, exactement ce qu'elle avait espérer, sa Phe.
Qu'elle soit là, tout simplement.

Alors, ce fut de concert qu'elles menèrent leurs montures par la bride jusqu'à la sortie du haras, puis grimpèrent en selle, en direction des chemins quittant la commanderie.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:46

Pherea a écrit:Depuis le Haras de Huy, Sakura et Pherea chevauchaient deux montures anonymes, l’air grave, les lèvres closes.
La fée avait acceptée d’accompagner sa sœur aux Ecuries Royales pour remplacer sa jument, disparue le jour même. Jamais la noiraude n’avait vu l’Ecuyère dans un tel état et elle ne savait pas vraiment comment réagir.
Elle avait opté pour un soutient muet et matériel. Organisation rapide de leur épopée, encas et boisson, pas mal de boisson, si jamais Saku avait besoin du même remède que la berrichonne face à son chagrin. Quelques mots pour lui annoncer qu’il était temps de partir, une main amicalement posée sur l’épaule pour appuyer ses dires, et les deux femmes étaient en route.

Arrivées à la barbacane, la fée reconnut l’aspirante Manon perchée en haut de la tourelle et s’étirait le cou pour deviner qui se cachait dans la salle de garde. Elle comptait sur une courte discussion avec les deux gardes en poste, ponctuée d’une boutade digne d’une Blanche gardienne s’ennuyant sur son guet pour alléger quelque peu l’atmosphère.

L’Esquire amorça la plaisanterie :

Notre liberté contre quelques fruits ! lança-elle en fourrant la main dans sa besace.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:46

Manon a écrit:"Je suis le maître du mooooooonde!" criait elle intérieurement -si,si- du haut de sa tour. Pour un peu elle se serait pris pour un oiseau. Pas un tit piaf hein... Non. Un grand et bel oiseau.

Elle aimait bien être là, ça lui rappelait ses gardes à Bordeaux et à La Teste.
Elle dominait. Tout. Elle voyait. Tout. De loin. De près itou. D'ailleurs, y'avait du monde à la barbacane. Phé et Saku. Et fallait pas être sorcière pour deviner que quelque chose n'allait pas. Ca suintait de tristesse tout ça.

Manon eut un pincement au coeur, elle les aimait bien toutes les deux. Elle agita les bras:

" Ohééé!! Vous sortez?"

Remarque très pertinente bourrique! Elles sont à l'intérieur et face à la grille alors bien sûr qu'elles sortent!

Tsss...Sauf que parfois hein... Les mots ne viennent pas toujours quand il faut.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:47

azzera a écrit:Les jours de garde... une belle histoire, oui, enfin, belle il faut le dire vite.
Néanmoins, c'était pour Azzera une façon toute simple de faire connaissance avec les nouvelles blanches... non, avec les nouvelles futures blanche!
Pour l'écuyère, il était inutile de faire la différence entre les deux statuts, elle avait déjà eu l'occasion de mettre sa vie entre les mains d'une aspirante et elle était toujours de ce monde, cela signifiait qu'elle n'avait pas eu tord.

Manon serait de celle-la, du moins l’espérait-elle. La "nouvelle" (pour elle, puisqu'elle venait juste de la rencontrer) semblait ne pas l'avoir vue. Elle souriait intérieurement de la voir si épanouie ici.

Elle en était la de ses réflexion quand elle reconnu la voix de la p'tite Fée, comme elle se plaisait à la nommer!
Se levant d'un bond, sortant de la pénombre, ainsi, Manon le verrait. Elle descendit voir ce qu'il se passait. L'esquire remplaçait-elle le page intendant?

Phérea... Tu nous apportes de quoi nous sustenter?
Puis voyant la lieut' elle se redressa...

Le bon jour mes soeurs.
Un petit signe de tête vers Fée voulant dire: "dis qu'est-ce qui se passe?"

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:47

Pherea a écrit:A la remarque de Manon, la fée leva la tête et approuva d’un signe. Elle voulut lui répondre mais elle sentit que l’Aspirante regrettait déjà d’avoir parlé. Elle n’insista donc pas et après lui avoir adressé un sourire, elle posa ses yeux sur Azzera qui l’interrogeait à son tour, de deux manières différentes.

L’Esquire ressortit enfin sa main de sa besace pour en extraire une première pomme, qu’elle lança à l’Ecuyère. Elle répéta le mouvement en visant la seconde main d’Azz et en expliquant dans un clin d’oeil:

Celle-là elle sera pour Manon si tu juges qu’elle travaille bien !

Reprenant un air plus grave, elle jeta un regard triste vers Saku puis revint vers celle qui voulait comprendre ce qu’il se passait :

Nous nous rendons aux Ecuries Royales. Une affaire urgente dont nous parlerons plus tard sembla t-elle ajouter. Peux-tu nous ouvrir la porte s’il te plait ?

Elle remercia sa sœur et avant de talonner sa monture, releva le nez vers l’Aspirante pour lui adresser :

Bonne garde ! A mon retour, j'aurais besoin de toi.

Un dernier signe de tête pour saluer sa soeur postée en bas, un autre regard empli de soutien vers son amie peinée, et les Blanches prirent enfin la route.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:48

azzera a écrit:Attraper la première pomme avant, par réflexe, de saisir le second fruit que Phéréa destinait à l'apprentie.

Oui, oui, je la tiens à l'oeuil, t'en fais pas
Regard lancé à Manon voulant dire: 'tension à tes fesses!

Retour vers l'esquire et le sergent aphone.
L'écouter parler des écuries royales sans broncher, juste un sourire à peine visible qui s'étirait sur ses lèvres.
Répondre à ses remerciements, puis faire lever la herse par le page dévoué à cette fonction.

Bonne route à vous deux, revenez en forme.

Elle ne comprenait pas l'attitude de Saku, mais apres tout, cela ne la regardait nullement.
L'écuyère se tourna vers Manon et lança d'un air de défis:

Alors, tu la veux cette pomme?!

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:48

Sakurahime a écrit:Silencieusement, elle avait suivi Phe, guidant sa monture au pas derrière celle de sa soeur en direction des hautes grilles les séparant de l'extérieur.

Une légère angoisse l'assailli soudainement.
Il fallait montrer patte blanche pour entrer, mais pour sortir, la moindre des choses était de saluer leurs soeurs en faction, et de donner quelques explications sur les raisons de leur départ, juste au cas où...

Et elle devait l'avouer, elle ne se sentait ni capable de tout expliquer, ni capable d'inventer une vague excuse ou même s'en tenir à un soupçon de vérité.

Avoir à montrer un visage comme le sien revenait à se livrer, à se mettre à nu, ce qu'elle n'affectionnait que fort peu, ou avec seulement quelques personnes en nombre restreint.
Qui était de garde ce jour là?
Elle n'aurait su le dire avant de les reconnaitre.
La jeune recrue Manon et Azz.
Elle les avait pourtant elle-même affecté à cette tâche quelques jours auparavant...

Mais finalement, ses craintes s'avérèrent totalement infondées.
Phe donna spontanément leur destination, sans autre détail, ce qui paru satisfaire Azz et Manon.
Mais elles n'étaient point folles, ni idiotes, et encore moins dépourvues de sensibilité, et chacune avait probablement senti que quelque chose n'allait pas chez elle, mais avec un tact dont elle leur fut immensément reconnaissante, elles ne posèrent pas plus de questions.

Mentalement, elle se promis de tout leur expliquer au retour.
Elle ne pourrait de toute façon rester muette ainsi trop longtemps, ce n'était pas dans son caractère.

Le petit convoi se remis en route sur impression des reins et des rènes, pour quitter les enceintes de la commanderie et de l'abri réconfortant qu'elle procurait.

Un signe de tête envers ses soeurs, tant pour les saluer que pour leur souhaiter une meilleure journée que la sienne ou encore que pour leur exprimer sa gratitude envers le respect dont elles avaient fait montre envers elle.

Pardon mes soeurs, je vous parlerai, promis, mais pas maintenant...

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:49

Manon a écrit:" Bonne garde ! A mon retour, j'aurais besoin de toi."

Manon hocha la tête. Sérieuse parce que la situation ne se prêtait pas à rire, elle le sentait.

" Pas de problème Phé! Je serai là!" répondit elle à sa tutrice avec un faible sourire. " Prenez soin de vous!"

Elle les regarda amorcer leur départ, inquiète.

Alors, tu la veux cette pomme?!

" Yep! Tu crois que tu saurais me la lancer si haut? Sinon je descends!"

Le sourire qu'elle adressa à Azzerra était sincère, même s'il n'effaçait pas la désagréable impression que le départ de Saku et de Phéréa avait laissé.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:50

[Ce RP se tient sur les routes entre la commanderie et les Ecuries Royales. Nous prenons un peu de liberté géographique, mais c'est pour en faire profiter celles qui le souhaitent.
L'intégralité du RP est doublé aux Ecuries Royales sur le forum2. Il fait suite à celui débuté aux écuries de la commanderies et poursuivit à la barbacane]

La première épreuve était passée, avec succès peut-être, elle n'en savait rien.
Quel aurait été un échec?
Qu'elle étale encore son chagrin telle une enfant devant ses soeurs, sans retenue aucune?
Ou au contraire l'échec n'était-il pas présent, et ce de façon cuisante, car elle n'avait su partager ce qu'elle considérait comme un personal drama, avec celles qui partageaient sa vie.

La question la taraudait sans que là non plus elle ne trouve réponse, comme si son cerveau avait obéré toute capacité de réflexion automatique chez elle, mécanisme d'autoprotection efficace pour ne plus rien lui faire ressentir pour le moment.

Peut-être que la vue de ce qu'elle cherchait désormais effacerait la froide poupée de chiffon en laquelle elle s'était muée en quelques instants lorsque le soleil s'était levé sur la commanderie et couché sur la vie de son amie...

Devant elle, le dos de Phe ouvrait la voie, chaude, rassurante, sa bouée de sauvetage.
Sa Noiraude qui avait accepté de l'accompagner sans rechigner ni poser de questions précises.

Elle lui donnerait une explication, elle lui devait bien cela, et finalement, vider son sac et partager sa peine, même de manière infime, lui ferait le plus grand bien, tel un exorcisme réalisé en douceur par le plus grand des praticiens.

Sous les sabots de leurs chevaux empruntés à la commanderie, les lieues commençaient à défiler, toujours en silence, sans que ce dernier ne soit pour autant gênant.

La Blanche en profita pour se libérer légèrement l'esprit, faisant le vide en elle, retrouvant avec plaisir quelques sensations liées aux longues chevauchées, même si cela n'avait rien à voir avec celles qu'elle partageait avec sa fidèle monture. Tant est si bien qu'au bout de quelques heures, elle remonta au niveau de sa compagne de route.

Ma Phe.... si on faisait une petite pause? je commence à avoir faim...

Signes d'amélioration s'il en était!
Il fallait avouer que depuis la veille au matin, elle ne s'était rien mis d'autre sous la dent qu'un palefrenier sur lequel elle avait passé sa rage, et cela ne nourrissait pas sa Blanche....

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:51

Pherea a écrit:[vraiment désolée pour le retard]

L’été était bien avancé. Le ciel, chargé de toutes les frustrations d’un printemps décalé, était lourd. La nature comme absente. L’atmosphère épaisse n’arrangeait rien à la situation.
Les deux jeunes femmes chevauchaient silencieuses. Sakura, les yeux rouges, se perdit longtemps dans les crins de son cheval de substitution, alors que la fée, elle, le nez vers les cieux, se prenait à poétiser cet instant :

C’est un air qui porte le ciel
Comme le chant d’un oiseau fauve
Toisant le monde où nulle alcôve
Ne saurait sauver l’essentiel

C’est un air qui porte le ciel
Comme le présent que l’on vole
A ces secondes qui s’isolent
Dans nos tombeaux matriciels...

La fée ne su combien de temps s’était écoulé jusqu’à ce que sa sœur n’avança sa requête inattendue. Son poème était parti loin, très loin, bien plus loin que ces cieux inconnus où les vautours jugeaient les hommes en leur picorant le temps… Elle du se secouer la tête pour recouvrer ses esprits.
Mauvaise Blanche que voilà, à mille lieues de son rôle de gardienne ! Alors que Blanche, l’autre Blanche, malgré l’immense chagrin qui la tenaillait, remettait déjà le pied à l’étrier ! Enfin, façon de parler… puisqu’elle ne remettrait le pied dans le bon étrier qu’une fois son nouveau destrier choisi aux Ecuries Royales.

L’Esquire tira sur les rênes et sauta vite à terre, comme pour empêcher Saku de se défiler. Il était grand temps que l’Ecuyère se sustente. La fée emmena son cheval à l’écart du chemin, détacha une des sacoches de la selle et l’ouvrant tout en s’approchant de son amie, proposa :

Pain, jambon fumé, fromage de chèvre et hypocras !
Et si tu es sage, tu auras même un petit dessert..

Elle afficha un franc sourire à sa soeur d'arme, n'en n'espérait pas autant d'elle, seulement de balayer cet air lourd et silencieux qui les étouffait depuis le début du voyage.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:52

[Moi c'est même pas du retard à ce niveau là ^^]

Sa Noiraude avait-elle imaginé une quelconque entourloupe de sa part impliquant un plan particulièrement tordu et traitre au terme duquel elle prendrait la poudre d'escampette au triple galop et prendrait de l'avance le temps que sa compagne de voyage ne se remette de l'effet de surprise et se remette en selle?

Si elle avait été capable de fomenter un plan pareil, et ce n'était pas spécialement son genre, ce n'était certainement pas sa Phe qui en aurait fait les frais, et sûrement pas là, pas maintenant, alors qu'elle la rassurait de sa seule présence en ce moment où elle en avait besoin.

Alors docilement elle descendit de sa selle, laissant l'esquire guider leur monture hors du sentier.
Le menu proposé par son amie avait des allures de festin, il fallait l'avouer.

Du fromage de chêvre? hmmm, une spécialité de chez toi ça je crois, j'adore!!!

Et à l'évocation du dessert, son oeil s'était fait brillant, révélant chez l'écuyère un bien vilain défaut....

Han, c'est quoi c'est quoi comme dessert? dis-moi allezzzzzzzzzzzzzzz..........
Et... j'commencerai bien par un verre d'hypocras...

Une drôle d'envie de se mettre la tête à l'envers se faisait poindre dans sa petite cervelle, mais il lui faudrait ingurgiter une sacrée quantité de ce délicieux et doux breuvage à base de miel pour arriver à ce résultat, alors autant profiter simplement du moment, sans penser à ce qui viendrait quelques heures plus tard, et se changer les idées, et pour cela, rien de tel qu'un dîner papotage entre copines!

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:52

Manon a écrit:[Manon interagit avec Cocma avec accord de sa joueuse. RP écrit alors que Manon était encore aspirante, j'ai tardé à poster ]

Elle avait dit oui à tout.
Sages? Oui.
Vous saurez vous tenir? Oui!
Vous obéirez au doigt et à l’oeil à Phé ou Saku. O...béir? Oui d’accord!
N’oublie pas qu’à l’extérieur vous représentez l’Ordre dans chacune de tes actions. Ouiii! Non! J’oublie pas!

Sitôt l’autorisation reçue, Manon s’était précipitée, avait jeté quelques affaire dans une besace qu’elle porterait en travers son dos une fois sur la route. Elle passerait aux cuisines avant de partir. Le ventre vide, elle n’était bonne à rien.

Mais maintenant, prête, elle piaffait d’impatience, faisait les cent - euh les dix - pas devant sa soeur aspirante, qui prenait un temps fou à réunir les quelques affaires nécessaires au voyage.

“ Grouille Cocotte! S’il te plaiiiiiiiiit! J’en peux plus d’attendre!”

Consciente de l’avoir plus que tannée, elle prenait sur elle toutefois, se retenait de lui faire son balluchon “façon Manon express”, et se tordait les mains en se désespérant de la lenteur de chacun de ses gestes.

Les motivations des deux aspirantes n’étaient certes pas les mêmes. Là où pour Manon il s’agissait de réaliser un projet qui lui tenait à coeur, un vieux rêve, pour celle qu’elle avait affublée du surnom affectueux de Coco ou Cocotte selon l’inspiration du moment, il s’agissait plus de ... de quoi d’ailleurs? Elle ne savait pas d‘ailleurs pourquoi celle ci avait accepté, elle qui avait une peur bleue des chevaux...

Avec un sourire ravi, la petite brune se demanda si elle était devenue pénible au point d’en être convaincante, et si, ça marchait sur tout le monde? Faudrait qu’elle essaye. Oui elle allait essayer!

Enfin prêtes!

“ Nous faut de quoi manger. On va passer aux cuisines!“

Elle se retourna vers Cocma, lui rajusta maternellement ses vêtements.

“ T’es armée? T’es bien couverte? J’voudrais pas qu’t’attrapes la mort par ma faute! Il va pas falloir traîner pour les rattraper tu sais!”

Elle la regarda puis éclata de rire devant sa mine déconfite et son enthousiasme pas débordant du tout

“ T’as beau courir vite, franchement on aurait l’air de quoi à suivre les autres tout le temps à pieds? Y'a pas à tortiller: il nous faut de vraies montures! Allez, ne tardons pas... On a de la route.”

Leurs pas résonnèrent à nouveau dans les couloirs. Les deux jeunes femmes se glissèrent jusqu’aux cuisines où elle firent provision de pain et de viande séchée. Si vraiment cela ne leur suffisait pas, elle pourraient toujours essayer d’attraper un lapin. Ou des pommes. C’est bon aussi les pommes. C’était de saison. Et surtout ça court moins vite.

Puis cette fois elles prirent la direction de l’écurie. Il était évident qu’à pieds elle n’iraient pas assez vite pour rattraper leurs soeurs blanches aussi il leur fallût emprunter un roncin à la commanderie.

Un pour deux? Un pour deux. L’animal avait la réputation d'être docile, néanmoins - allez savoir pourquoi - à l'approche des deux jeunes femmes, il broncha, visiblement mécontent et/ou de mauvaise humeur. Tant pis. Chacun allait devoir y mettre du sien. Et cela n'arrêterait pas la Bordelaise, bien déterminée.

“Accroche-toi bien. On va galoper, ce sera plus confortable pour toi.”

Entendant grogner derrière son dos, Manon se retourna sur sa selle, mais elle peina à rester sérieuse face au désarroi pleinement affiché de sa compagne de voyage.

“ Me voilà bien avec deux râleurs comme vous! Je t’assure que c’est bien plus doux que de trotter... Tu as juste à bien te tenir et à laisser aller ton corps. Enfin... pas trop quand même hein!”

Elles passèrent la herse presque dignement et bientôt le bruit des sabots frappant en cadence le sol se fit entendre.

**sakura** Lun 18 Fév 2013 - 14:55

Il fallait l'avouer, le consensus silencieux qui s'était installé d'un commun accord en vertu duquel aucune ne parlait - pour le moment - des causes les ayant poussé à prendre ainsi la route - avait du bon et produit son petit effet.
L'écuyère sentait déjà son coeur s'alléger, même si elle y percevait encore la noirceur de l'amère tristesse et de l'infinie colère qui l'avait chavirée depuis la veille.

Papoter de tout et de rien, du plein et du vide, du beau et du laid, du bon et du mauvais, sans prise de tête, au calme, avait un effet relaxant et apaisant.

Ou bien était-ce l'hydromel qu'elle avait bu en quantité non négligeable?
Pas assez hélas pour avoir chaud aux joues, mais ce qu'il fallait peut-être pour voir les choses autrement.

Le repas prenait fin, il serait bientôt temps de reprendre la route si elle voulait pouvoir trouver avant le soir un endroit sûr et idéal pour passer la nuit.

Une once de regret se fit sentir chez la borgne, elle aurait voulu que ce moment d'insouciance ne prenne jamais fin et qu'elle ne soit jamais placée devant ses responsabilités.
Mais les meilleures choses ont une fin n'est-ce pas? et celle-ci ne faisait pas exception...

Elle se remettaient en selle lorsque le galop d'un cheval se fit entendre.
La Blanche se fit curieuse, car peu de monde prenait ces chemins qui ne menaient pratiquement que vers la commanderie des Dames.

Quelle ne fut pas sa surprise en voyant Manon et Cocma débouler comme si elles avaient le diable aux trousses, et sur le même canasson en plus!

Elle se rapprocha du chemin de sorte d'être vue et leur fit signe, attendant que les cavalières ralentissent pour rallier à son tour le chemin.

Et bien, que faites-vous si loin de la commanderie à galoper comme si la Grande Faucheuse vous coursait?

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