A Nehwin

La vie de Nehwin commence sur le perron d'une église. Abandonné peu de temps après sa naissance, il fût retrouvé par le frère portier du monastère de Saint-Ignace, près de Montpensier. Les moines bénédictins n'ont pas la réputation de s'encombrer de nouveaux nés, mais allez savoir pourquoi, ils décidèrent de garder ce chérubin, peut-être pour en faire un novice plus tard.

C'est ainsi que, durant les premières années de sa vie, Nehwin reçut, à défaut d'amour parental, une éducation sérieuse et une saine nourriture (aussi bien terrestre que spirituelle). Pour sa part, il "remerciait" les bons moines en travaillant dans le monastère, dans le potager, ou tout simplement pour les tâches quotidiennes.

Cependant, Nehwin compris assez vite que, s'il ne faisait rien pour l'éviter, sa destinée serait de finir moine. Or, il avait d'autres projets: connaître le monde, rencontrer des gens, et surtout découvrir ses origines. Pourquoi avait-il été abandonné? Était-il le fils bâtard d'un grand seigneur ? Ou sa famille était-elle trop pauvre pour le nourrir ?

Malheureusement, l'abbé ne l'entendait pas de cette oreille. L'ordre avait fait l'effort de le nourrir toutes ces années. La moindre des choses était que Nehwin consacre sa vie à l'Église.

Nehwin, du haut de ses 14 ans, ne pouvait tenir tête à un abbé. Il se tût, mais prit sa décision en silence. Le soir même, il escalada le mur d'enceinte et disparut dans la campagne.

Comment survivre seul quand on n'a que 14 ans ? Nehwin découvrit assez vite que le vol était une solution acceptable. Il ne s'enrichissait pas, mais au moins, il mangeait presque à sa faim. Ce petit jeu dura jusqu'à ce qu'il tente de voler la bourse d'un petit seigneur de Clermont. Celui-ci le prit sur le fait. Mais au lieu de le livrer à la maréchaussée, il eut pitié de lui et le prit à son service comme page.

Nehwin avait alors 15 ans. Il était presque un homme et trouvait presque vexant de se voir attribuer un travail d'enfant. Mais, sachant être opportuniste, il comprit vite que cela lui permettrait d'être bien nourri et de voir les grands de ce monde (ou en tout cas du duché). Il resta ainsi au service de ce petit baron jusqu'à ses 18 ans, ce qui lui permit d'acquérir un minimum de culture et de savoir-vivre.

Ce fût le 12 avril 1443 que tout prit fin. Lors d'un voyage du baron, le carrosse fût arrêté par une troupe de brigand. Ceux-ci ne prirent même pas la peine de parlementer. Ils attaquèrent, massacrant les hommes et violant les femmes. Nehwin fût molesté violemment, mais ils le gardèrent en vie. Un page de 18 ans, c'était trop drôle, ils devaient le garder pour s'amuser un peu.

C'est ainsi que, prisonnier d'une bande de brigand, il commença à parcourir les routes. Attaché, ballotté en tous sens et régulièrement insulté et humilié, Nehwin regrettait amèrement le monastère de Saint-Ignace. Et puis vint le jour où le chef de la bande en eut assez de cette bouche à nourrir qui ne servait à rien. On détacha alors Nehwin et on l'obligea à participer au "travail" de la bande. Et Nehwin fut bien obligé d'admettre, au bout de quelques mois, qu'il adorait ça.

Cette sensation de puissance quand les hommes tremblent devant votre arme, quand les femmes hurlent au moment où vous déchirez leurs jupons, quand les cochers s'oublient dans leurs braies au moment où vous armez votre arc !! Oui Nehwin aimait cette vie!
Ils leur arrivaient même de se faire mercenaires et de guerroyer pour le compte d'un seigneur jaloux de son voisin, ou d'un prince privé de son héritage.
C'est à cette époque que Nehwin apprit à devenir dur, mais également à faire partie d'un groupe, une bande de meurtriers, certes, mais soudés et fidèles les uns aux autres.

Bien sûr une telle vie ne pouvait pas durer éternellement. Après avoir écumé les routes du nord au sud du royaume, la bande était recherchée par tous les maréchaux de France, et même d'un peu plus loin. Par un matin morne et gris, dans une campagne perdue de l'Anjou, alors que le camp s'éveillait doucement, le prévôt de Saumur fit donner la garde. Les brigands n'eurent même pas le temps de prendre leurs armes. Beaucoup furent tués sur place. Le chef de la bande fût pendu séance tenante par le prévôt lui-même. Les autres, dont Nehwin faisait parti, furent emprisonnés dans les pires conditions dont étaient capables les geôles d'Angers.

Après quelques années, seul de la bande à avoir survécu au traitement en prison, Nehwin fût jeté dehors. Seul, sans un sou vaillant, il était lassé de cette vie sans foi ni loi. Il était temps pour lui de faire quelque chose de sa vie. Pour commencer, il allait rentrer dans sa région, le Bourbonnais-Auvergne. Il n'y connaissait plus personne, mais c'est là qu'il avait grandi, et il avait besoin de retrouver ses racines.

C'est ainsi que, tel un vagabond pouilleux et misérable, âgé de 30 ans, il arriva à Montluçon le 11 mars 1455. Nehwin a la ferme intention de devenir honnête, et de travailler dur. Mais il sait au fond de lui que son passé sera toujours là, et qu'il lui restera toujours la solution du retour aux armes...

[partie HRP]
Nehwin est un PNJ récurrent dans un jeu de rôle dont je suis le MJ. Cela fait maintenant plus de 10 ans que j'interprète ce perso face à mes joueurs, il ressort donc de façon naturelle quand j'ai besoin d'un pseudo. (Pour la petite histoire, il a une petite différence avec l'original puisque son vrai nom s'écrit Nehwyn, avec un Y, sans faute de frappe donc... )

Pour ce qui est du caractère du personnage, il est forcément proche de moi. Si le JDR m'a apprit une chose, c'est bien qu l'on ne peut pas chasser le naturel. Notre caractère profond finit toujours par ressurgir...

Cependant, Nehwin est tout de même différent. Il est plus ouvert aux autres, plus sociable, mais surtout moins provocateur que moi. Quand à sa vie, c'est une pure fiction, aucun rapport avec la mienne (personnelle ou professionnelle)

Voila pour le personnage. Pour ce qui est de l'intérêt du jeu, il me vient de l'interraction entre des personnages de fiction. Le fait de réagir face à des perso inconnus, sans scénario pré établi, avec une possibilités de réactions infinies, est une nouveauté pour moi. J'ai plutôt l'habitude de pratiquer le JDR depuis des années avec les mêmes amis, au point de connaitre leurs réactions à l'avance.
Ici, je ne connais pas la suite des évenements, ce qui est très motivant, d'un point de vue RP...

Bon, je dois l'avouer, je suis aussi devenu completement accro aux RR. En plus, humainement parlant, c'est très enrichissant. Cela permet de communiquer avec des gens avec qui je n'ai sûrement rien en commun. De penser que des inconnus deviennent des copains de tavernes (pour ne pas dire de beuverie), je trouve ça assez drôle...